L’association Georges Hourdin et l’expression des personnes en situation de pauvreté et d’exclusion

 
 

Ceux qui subissent la grande pauvreté et l’exclusion ont une parole essentielle à apporter au monde. En effet, comment prétendre bâtir une société de justice si l’on se prive de l’expérience et de la réflexion de ceux qui ont toujours vécu l’injustice ? Comment prétendre bâtir une société de paix si l’on se prive de l’expérience et de la réflexion de ceux qui n’ont jamais connu que la violence sous toutes ses formes ? Alors que d’autres, en situation plus protégée, peuvent en faire l’économie, les plus pauvres, acculés à vivre dans des conditions extrêmes, soulèvent des questions qui interrogent les choix de l’ensemble de la société (autour du vivre ensemble, de l’altérité, de la dignité, du pouvoir, de ce qu’est le travail, de ce que nous voulons construire ensemble,…).

Se focaliser sur la « lutte contre la pauvreté et l’exclusion », c’est risquer d’en faire un en soi. C’est risquer d’enfermer les personnes dans un « état » de pauvres et d’exclus et de les « instituer » ainsi comme hors société. Les actions d’entraide et les mesures spécifiques « pour les pauvres » contribuent souvent, de fait, à les maintenir hors du droit commun. Les distributions alimentaires ou autres, même les épiceries sociales, les centres d’hébergement… ne devraient répondre qu’à des situations d’urgence. Hélas, ils ne cessent de se développer et de s’instituer, devenant ainsi des substituts au droit commun pour de nombreuses personnes et familles.

La grande pauvreté et l’exclusion commenceront à disparaître le jour où nos sociétés se donneront pour objectif que tous les citoyens sans exception, du « plus riche » au « plus pauvre », accèdent au droit commun, c’est-à-dire à l’ensemble des droits fondamentaux qui garantissent l’égale dignité de chacun. Mais cela ne sera possible que le jour où nos sociétés décideront de prendre comme mesure de l’accès de tous aux droits fondamentaux, l’accès effectif du plus fragile, du plus pauvre et exclu, à l’ensemble des droits fondamentaux.

La grande pauvreté et l’exclusion commenceront à disparaître le jour où celles et ceux qui en sont victimes ne seront plus uniquement considérés comme des personnes à « aider » ou à « assister », mais comme des personnes avec qui il est indispensable de s’associer pour élaborer et conduire un projet de société commun. Cela va bien au-delà de leur « témoignage », aussi important soit-il. Cela passe par leur participation aux débats publics et par leur contribution effective à l’élaboration des politiques publiques.

Encore faut-il créer les conditions pour que leur parole s’exprime et vienne enrichir, par le dialogue et la confrontation, la réflexion commune. C’est ce dans quoi se sont déjà investis des mouvements et associations agissant pour la paix et le respect des droits de l’homme. Ce courant doit s’élargir car il est le seul à même de permettre aux plus pauvres de ne plus être considérés comme objets d’assistance, mais comme sujets de droits, acteurs et citoyens à part entière. C’est un courant créateur de rencontre et de fraternité.

C’est ce qui a conduit le Conseil d’Administration de l’Association Georges Hourdin à décider à l’unanimité de faire du soutien à ce courant citoyen, une de ses 2 priorités pour les années à venir.

Le site www.parolesdesansvoix-initiatives présente un certain nombre d’actions qui ont – ou, sous réserve de l’accord du Conseil d’Administration, auraient pu – bénéficié du soutien de l’Association Georges Hourdin.

Texté rédigé par Lucien Duquesne et approuvé par le Conseil du 12 mai 2009